Les Rencontres du Paysage Urbain sont une manifestation organisée conjointement par l’UNEP, Hortis, Verdir, la FFP et VALHOR*. Le fil conducteur de cette édition 2025 : perméabilisation des sols et végétalisation des villes. Au total, plus de 300 professionnels du secteur ont pu discuter des diverses facettes de ce sujet, depuis les aspects scientifiques jusqu’aux applications de terrain.
Ambiance détendue et propos sérieux à la 9ème édition des Rencontres du Paysage Urbain, le 31 octobre 2025 à Angoulême. Chercheurs, élus et praticiens présents se sont en effet réunis pour échanger autour d’une conviction partagée : à l’heure du changement climatique, la question de la végétalisation devient un enjeu majeur des politiques urbaines. Et les professionnels du paysage sont la première force vive pour la renaturation des villes, agglomérations et zones urbaines.
Les Solutions Fondées sur la Nature : des bénéfices multiples
Freddy Rey, directeur de recherche à l’INRAE Grenoble, pose les bases : les solutions fondées sur la nature (SFN) doivent absolument générer des co–bénéfices nature/société.
« On est souvent sur du mono-objectif et on perd le fil de l’objectif double », rappelle-t-il.
Une zone humide, par exemple, offre simultanément quatre avantages :
Cette participation des SFN à la gestion intégrée de l’eau demande une vision globale. Par exemple, revégétaliser une cour d’école ne suffit pas : il faut se demander comment cela a été fait et avec quelles espèces. Les SFN s’appuient sur trois objectifs (préserver, restaurer et gérer les écosystèmes) tout en répondant à six défis sociétaux majeurs : l’approvisionnement en eau, la réduction des risques naturels, le développement socio-économique, la sécurité alimentaire, la santé humaine et le changement climatique.
Pascal Monier, adjoint au maire d’Angoulême, insiste sur l’importance d’une approche systémique à l’échelle de l’agglomération, qui allie sobriété foncière et zonage dans le PLUI. Une approche que d’autres villes moyennes commencent à suivre, preuve que la résilience urbaine n’est plus un concept, mais une nécessité concrète.

Désimperméabilisation concrète : du parking à la cour d’école
Les exemples terrain illustrent les possibilités d’action : Belinda Bacquet, de l’agence B Jardins et Paysages, présente plusieurs projets d’aménagement végétaux locaux. Ici à Brossac (16), 3 000 m² ont été perméabilisés (soit 25 % de la surface totale) avec 45 arbres plantés. Là à Razac-sur-l’Isle (24), une cour d’école de 4 300 m² a été rendue 100 % perméable pour 370 000 €.
À Rochefort (17), Eric Bourdajaud et Guillaume Michaud illustrent la complémentarité entre services d’espaces verts et de gestion de l’eau. Depuis 2014, la ville a végétalisé 30 000 à 40 000 m² de trottoirs, créé des noues végétalisées et aménagé un parking de 850 places avec infiltration totale des eaux pluviales. En captant et dirigeant les eaux pluviales, des sondes installées sur les arbres ont révélé que seulement trois arrosages ont suffi la première année.
Rémy Muriach, de Serra Paysage, souligne le succès des 16 projets de cours d’école réalisés :
« Les végétaux ont une capacité de résilience exceptionnelle et un excellent taux de reprise malgré les plantations tardives. »
Ces projets démontrent que la réussite de la désimperméabilisation repose autant sur la technique que sur le choix du végétal et la qualité de production, un domaine où les pépiniéristes régionaux, comme les Pépinières Charentaises, jouent un rôle-clé.
Explication détaillée du projet de renaturation de la cour d’école de Montpon-Ménestérol (24) par Serra Paysage.
Palette végétale diversifiée : la clé de la résilience
Antoine Daganaud, président des Pépinières Charentaises et de VERDIR Nouvelle-Aquitaine, aborde le cœur du sujet : le choix de la palette végétale.
« Réduire la palette végétale par simplicité ou idéologie est une erreur » : se limiter aux plantes locales est un leurre face au changement climatique. Mieux vaut intégrer des espèces nouvelles qui se substitueront progressivement aux espèces endémiques, tout en conservant une diversité botanique.
« Les espaces conçus avec la plus grande diversité seront les plus résilients : si on sème des plantes adaptées au climat désertique, on aura au bout du compte… un désert. ». Comme personne ne peut affirmer ce que le climat nous réserve, il faut accepter l’expérimentation et l’erreur. C’est là que le rôle des pépiniéristes prend toute sa valeur : leur connaissance fine des sols, des systèmes racinaires et de la physiologie des plantes leur permet d’adapter les choix d’espèces aux conditions locales réelles, au-delà des catalogues ou des effets de mode.
Dans ce contrat tacite avec le pépiniériste, l’anticipation est importante : pour les essences rares ou les grandes quantités, mieux vaut instaurer un contrat de culture deux à trois ans avant le projet. Le temps du végétal est plus long que celui de l’aménagement urbain : il faut compter 5 à 10 ans pour obtenir un arbre de qualité.

Collectivités locales et professionnels du végétal : vers une collaboration renforcée
Ces rencontres confirment une conviction : la désimperméabilisation réussie repose sur le dialogue entre tous les acteurs. Paysagistes concepteurs, pépiniéristes, collectivités, écologues et architectes doivent travailler ensemble dès l’amont des projets. Comme le souligne Thierry Duteuil, chargé de mission Arbres et Paysages (17) et Délégué Régional Hortis : « Il faut élargir ses horizons et éviter les solutions gadgets ».
La résilience urbaine se construit avec méthode, diversité et collaboration. Et un bel alignement commence toujours par le bon choix des arbres.
Vous avez un projet d’aménagement paysager urbain ? Contactez notre équipe et découvrez une palette végétale audacieuse et durable, pensée pour embellir, rafraîchir et reconnecter la ville à la nature.
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* Signification des noms et acronymes :
UNEP : Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage – https://www.lesentreprisesdupaysage.fr/
Hortis : Association de la filière horticole et du paysage – https://www.hortis.fr/
Verdir : Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières – https://verdir.fr/
FFP : Fédération Française du Paysage – https://f-f-p.org/
VALHOR : Association interprofessionnelle du secteur végétal – https://www.valhor.fr/

